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Un champignon qui donne tort aux us
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Première publication : 1997, mise en ligne: vendredi 16 février 2018

UN CHAMPIGNON QUI DONNE TORT AUX US

SUMMARY

The Affair of Blue bolets

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Boletus torosus

PREMIER ACTE

Le samedi 23 août dans l’après midi, Patrick L., ami mycophage et néanmoins adhérent à notre société vient à la maison accompagné de son fils Kevin me montrer des bolets. Un examen rapide me conduit à Boletus torosus ( Fr. ) soit Bolet massif en français et ce en raison de sa densité. Après le « nom » et le « prénom », la comestibilité ? Je fais la réponse suivante : « Je n’en ai jamais mangé mais je connais quelqu’un qui en consomme depuis plus de 30 ans. »

DEUXIÈME ACTE

Vers 23h30 le téléphone sonne :

-  « Allo ? Patrick. Comment tu l’appelles ton Bolet ?
-  Boletus torosus, pourquoi ?
-  Kevin est malade, j’attends le médecin.
-  Quels symptômes ?
-  Il vomit et il a la diarrhée. ( Texte expurgé )
-  Et il est malade depuis quand ?
-  On a soupé vers 19h, on est allé faire un tour à pied et il a commencé à se plaindre d’aigreurs d’estomac, mais pour le reste vers 23h.
-  Et toi ça va ?
-  Impeccable. »

Je raccroche perplexe et doutant déjà de ma détermination.

TROISIÈME ACTE

Dimanche matin je suis inquiet et je téléphone à Patrick... personne ne décroche. Vers midi je rappelle... Statu quo.

Le soir je recommence. Après m’être présenté, la mère de Patrick me dit « Ils sont tous les deux à l’hopital. Y z’avont failli y passer, heureusement que je n’en ai pas mangé. » Elle me donne le n° de la chambre à l’hôpital de St Jean d’Angély.

J’appelle aussitôt les deux locataires involontaires du pavillon de médecine. Penaud je m’excuse auprès du père qui a décroché. Il est en bonne forme à part quelques douleurs au cou dues aux vomissements, le fils est un peu plus fatigué. Je m’enquiers du traitement qu’on leur a prescrit : "Rien si ce n’est une réhydratation par perfusion."

Nous prenons rendez vous pour le lendemain après midi après leur sortie de l’hôpital pour retourner à l’endroit où ils ont trouvé les bolets car je doute de plus en plus de ma détermination.

QUATRIÈME ACTE

Lundi après midi Patrick arrive seul. Kevin est resté hospitalisé une journée supplémentaire, son taux de transaminases restant un peu supérieur à la norme ( Fait bizarre puisque ce taux un peu élevé de transaminases est le signe d’une légère atteinte hépatique, chose inconnue d’après le médecin hospitalier dans les intoxications par les bolets ). Nous nous transportons sur les lieux de cueillette. II n’y a qu’une espèce de champignons, ceux que Patrick et son fils ont ramassés, ceux qu’il m’a montrés ; ce sont bien des bolets massifs.

Le mystère s’épaissit. Nous ne sommes pas loin de Couture d’Argenson, je propose donc à mon intoxiqué d’aller voir le consommateur impénitent de Boletus torosus auquel je m’étais référé l’avant veille pour en affirmer la comestibilité. Nous nous rendons donc chez Jean Daniaud, ancien trésorier de la société. Nous montrons les bolets que nous venons de ramasser à Jean entouré de deux de ses fils et de sa femme qui nous disent en choeur : « Vous avez une belle cuisine de torosus ».

Après que nous ayons résumé les événements du week end Jean nous répond que toute la famille en a mangé à midi. Il est 17 heures, tout va bien, ils s’apprêtent à retourner en chercher dans le but avoué de faire des conserves.

Avec Patrick je reprends la route de La Villedieu de plus en plus perplexe.

CINQUIÈME ACTE

Mardi dans la matinée je ne suis pas à la maison mais au retour j’apprends que Jean Daniaud a téléphoné : A l’heure du souper l’une de ses brues mettant en cause la conduite de son mari s’est plainte de nausées ; puis son autre brue et enfin sa femme ont été malades ( les deux belles filles ont eu les mêmes symptômes que Kevin L., leur belle mère n’ayant que des vomissements qui ont cependant nécessité l’administration de Primpéran par le médecin de famille. Il n’y a pas eu d’hospitalisation) , ses fils, son petit fils de 4 ans et lui même n’ont eu aucun problème.

Jean pourrait parodier Goulebenèze : « Cheu nous i sais pas ç ’qu’o l’a, la maladie prend qu’les fumelles ! ! ! »

La comestibilité de Boletus torosus ( Fr. ) dans la littérature :

Kuhner et Romagnesi lui accordent deux fourchettes sans autre précision.

Les italiens Merlo, Rosso et Traverso le donnent comestible à condition de ne pas le consommer cru.

Marchand nous dit : « Après cuisson ce bolet n’est plus toxique et V. Piane insiste sur sa réelle valeur culinaire ».

Enfin Courtecuisse le classe dans la sous section luridini : « Chapeau souvent coloré, non toxiques ».

Alors que s’est il passé ?

Le stade de cuisson n’est pas en cause puisque dans la famille Daniaud on consomme le bolet massif depuis trente ans.

Une simple indigestion « mécanique » semble aussi à écarter puisque pour Kevin L. il y a eu atteinte hépatique et que d’autre part dans tous les cas les premiers symptômes apparaissent assez tardivement.

Une nouvelle toxine parait peu probable car Jean Daniaud, ses fils et son petit fils ne sont pas touchés ou alors ils seraient insensibles à cette nouvelle toxine. Autre hypothèse, une toxine existant dans ce bolet et concentrée par la sécheresse a atteint un seuil intolérable pour certaines personnes.

Le débat reste ouvert mais ces intoxications risquent de réduire le nombre des expériences à venir.

André MERLET

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Boletus torosus
Mazeray(17) 06-09-07

Bibliographie Kuhner et Romagnesi :

Flore analytique des champignons supérieurs.

E. G. Merlo, M. Rosso, M. Traverso : I boleti.

A. Marchand : Champignons du nord et du midi tome 2. R.

Courtecuisse : Guide des champignons de France et d’Europe.

Bulletin SMMA n°16 1997


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