samedi 18 mars 2006

Cet article est paru dans le bulletin SMMA 14-1995

Au plus profond des bois, la patrie a son coeur. Un peuple sans forêts est un peuple qui meurt.

André Theuriet (1833-1907)

"Sans passé il n’y a pas d’avenir".

La Société Mycologique du Massif d’Argenson connaissant bien sa courte histoire, a voulu en savoir plus sur celle de son massif.

Pour ce faire, la SMMA a donc mis à contribution un de ses membres, le plus érudit en histoire locale, Denis Chapacou.

Déjà auteur de :

Saint Mandé sur Brédoire (1977),

A la croisée des grands chemins (1982),

Aulnay : un voyage dans l’histoire du Canton (1995),

et de nombreux articles dans le bulletin de l’Association pour l’Archéologie et l’Histoire d’Aulnay et sa Région dont il est également le président, Denis Chapacou a bien voulu se pencher sur le passé du Massif d’Argenson et nous guider dans l’Histoire et les histoires de l’ancienne Sylve dont les reliques actuelles constituent le terrain privilégié de nos quêtes mycologiques. André Merlet

Bois et Forêts du Massif d’Argenson

Situé à la limite du Seuil du Poitou, séparant les territoires des Pictons et des Santons, l’immense massif forestier dénommé Sylve d’Argenson, joignait les bois et forêts s’étendant de Couture d’Argenson - qui tire son nom d’un défrichement dans cette forêt "Culturae in forestate d’Ariezhum" - à Benon, dont l’un des villages porte le nom de St Bibien d’Argenson.

Les forêts de Benon, Aulnay et Chef Boutonne en sont les reliques les plus marquantes. Cependant d’autres massifs boisés importants, particuliers ou communaux, demeurent également dans les communes de Dampierre sur Boutonne, Saint Georges de Longuepierre, La Villedieu, Availles, Ensigné, Saint Mandé, Contré, Néré, Les Eduts, Aubigné, Villemain et Couture d’Argenson ; ainsi que la forêt de Fontaine, située dans les communes de Fontaine Chalendray, Romazières et Villiers Couture. Cet ensemble rejoignant la forêt de Tusson.

Cette grande Sylve d’Argenson, située sur un sous sol appartenant essentiellement au Jurassique, forme un genre de "crêtes" et "plateaux" séparant des vallonnements au nord et au sud. La Boutonne y fait une "cassure" dans le sens nord sud, entre les massifs d’Aulnay et de Chizé. Aucune rivière ne se trouve vraiment à l’intérieur de ce massif forestier.

Les hommes de la préhistoire s’établirent néanmoins en de nombreux endroits alentour. Deux sites importants sont représentés par les tumulus de Benon et d’Availles. L’époque gallo romaine a également laissé des sites importants ; de nombreuses villas et le site antique d’Aulnay. Le Moyen Age, grande époque de défrichement, nous a laissé d’assez nombreux vestiges dont il sera question dans les différents chapitres qui suivent.

Ultérieurement, et jusqu’ à la fin du XIXe siècle, cet ensemble forestier procura énormément de travail à la population environnante, les métiers en rapport avec le bois étant très nombreux : bûcheron, charpentier, charpentier de marine, menuisier, tonnelier, pellier (fabricant de pelles), charbonnier, sabotier, etc... Notre XXè siècle devait voir la disparition locale de la plupart de ces métiers.

Quant à l’exploitation forestière, malgré les bouleversements importants dus, notamment à la mécanisation, elle conserve néanmoins un certain aspect traditionnel de travail pour les générations futures. Denis Chapacou septembre 1995