Prospection sur une botte de paille
Prospection sur une botte de paille
Michel Sandras, 3 rue des Coudraies, 17250 Saint Porchaire.
Patrice Tanchaud Les Jamets, 17250 Soulignone et avec le concours de Madame Marianne Meyer.
Lorsque l’activité fongique se réduit en sous bois, le mycophile a tout loisir de rêver au carrefour des Trois Chênes où apparaissent les premiers bolets, à La Motte au Bas paradis des moussirons et à la palisse de Jappe Grenouille où les morilles prospèrent... Parfois. Il peut aussi jouer au mycologue et chercher des sites inédits. C’est ainsi que mon ami Patrice et moi même décidâmes d’un commun accord de visiter une botte de paille, lui, fournissant la paille et moi même l’idée saugrenue. Ne croyez surtout pas que les choses se font toute seule. En premier il faut bien choisir la botte, celle de paille de blé donnant incontestablement le meilleur rendement.. En second il faut la traiter convenablement, bien l’humidifier et la placer au bon endroit afin qu’elle ne se dessèche pas rapidement, au pied d’un mur à orientation nord par exemple. Ne pas oublier de l’humecter de temps à autre si le ciel ne fait pas le travail. Il est également conseillé d’entrer en contact avec un ou deux mycologues spécialisés pour aplanir la situation au cas où des tensions subsisteraient entre les champignons et vous.
Lorsque tout est prêt il ne reste plus qu’à inspecter, une fois par semaine par exemple, la botte au trésor. Ainsi nous avons pu découvrir, en avril mai 2 002 quatre myxomycètes et trois ascomycètes rarement observés.
Les myxomycètes.
* Didymium difforme, apparait fréquemment sur ce type de support et fanes de végétaux en place.
* Didymium nigripes (Pers) S.F. Gray., fréquent sur ce type de support et sur feuilles mortes.
* Physarum cinereum (Batsch) Pers., apparait de préférence sur les graminées encore vertes mais à la date de l’opération elles masquaient une grande partie du support, peu fréquent dans notre région..
* Physarum compressum Alb. & Schwein. se manifeste volontiers sur paille.
Les ascomycètes.
* Chaetomium elatum Schm. & Kunze, tout à fait à sa place dans le contexte, ressemble à un petit plumeau noir * Orbicula parietina ( Schrader ex Fries ) Hughes
Il y tout juste cinquante an que l’un de nous, par discrétion ne révélons pas son identité, s’intéresse au champignon. Celui ci, après examen et étude des caractères microscopiques avait cru être en présence d’un myxomycète et même avancé une hypothèse spécifique : Licea castanea !
Madame Meyer a évité la catastrophe en révélant qu’il s’agissait d’un piège, les asques disparaissant rapidement le déterminateur ne songe pas à la possibilité d’un ascomycète. Elle nous a également confié avoir reçu cette espèce du Japon, sous le nom de Licea... Pour notre mycophile dupé ce fut une grande consolation d’apprendre que dans notre siècle un confrère japonais avait commis la même erreur que lui. Le plus croustillant est probablement que, plus de dix fois, en contemplant la fig. F de la planche XLIV de Dennis qui représente Orbicula parietina il s’était dit "si je trouvais ce truc là, je le prendrais pour un myxomycète ".
* Preussia funiculata (Preuuss) Fuckel
La présence de cette espèce montre qu’un brave toutou du quartier a cru que nous avions placé la paille en ce lieu pour borner son territoire.
Bulletin SMMA n°21 2003
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