La forêt de Chef-Boutonne
Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), 40mn de Niort
Cet article est paru dans le bulletin SMMA 14-1995 La forêt de Chef-Boutonne
D’une superficie de 840 hectares, reliée à la forêt d’Aulnay par les bois communaux de Saleignes, elle se situe dans un quadrilatère d’environ 3 kilomètres de côté, entre Le Pas des Chaumes et Prémorin au nord, Saleignes et Bois Giffard au sud. La plus grande partie de son territoire se trouve dans la commune d’Aubigné. Deux anciennes maisons se trouvent dans cette forêt : La Faisanderie, au centre, lieu qui fut comme son nom l’indique affecté à l’élevage de faisans 5.000 oiseaux jusqu’en 1914 ; La Giboyère, à proximité de Saleignes, ancienne maison de garde. En ce même lieu, fut exploitée une importante fabrique de tuiles. Cette forêt dépendait à l’origine des vicomtes d’Aunay qui furent également seigneurs de Chef Boutonne pendant plusieurs siècles.
Au Xle siècle, des dons d’usages furent faits par Cadelon, vicomte d’Aunay, à l’abbaye de Montierneuf de Poitiers. Son successeur Guillaume, se trouve également mentionné dans une charte du cartulaire de cette abbaye ;
« J’entens que les habitants de cette terre ayent leur usage en la forêt tant pour bâtir que pour se chauffer, et qu’ils en prennent tant qu’il leur sera nécessaire pour vu qu’ils n’en prennent point pour vendre, présent Guillaume Vte d’Aunay qui, l’a voulu et confirmé... »
Ce texte provient d’une copie de l’original, datée du 30 juillet 1790.
Le prieuré St Cybard sensiblement contemporain de cette époque et dépendant du « Moutier Neuf » fut à l’origine paroissiale de « Ecclesia de Albigniaco », Aubigné.
L’ancienne paroisse de Bret, souvent citée dans les textes concernant la forêt, possédait un petit prieuré et sa chapelle qui dépendaient de la commanderie d’Ensigné. Suite à la confiscation des biens des Templiers, un document de 1313 fait mention de la remise de la « méson de Brez et Dansigné » aux Hospitaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem. A ce moment là, ce prieuré comptait un effectif de sept personnes.
Vers le milieu du XVI siècle, les vicomtes d’Aunay étaient encore seigneurs de Chef Boutonne ; un titre daté de 1445 mentionne François de Montbron vicomte d’Aunay et seigneur de Chef Boutonne. Vers la fin de ce même siècle, la forêt fait partie du marquisat de Chef Boutonne. A partir de 1477, c’est
Marie de Montbron dame de Chef Boutonne, qui figure dans les nombreux documents de l’Abbaye de Montierneuf. Dans une transaction du 22 février 1477 entre la Dame de Chef Boutonne et le Prieur d’Aubigné concernant le village de Prémorin de fondation récente puisque la première maison avait été bâtie par Jean Daniau et Jean Bougneau sur un terrain concédé le 4 Janvier 1757 , il est « Transigé que les habitants dudit village auront leur chauffage pour eux et leur maison en la forêt de Chef Boutonne, du bois mort et mort bois qui leur sera délivré par les officiers sans frais et autre, prendront le bois de serpe nécessaire pour leur chauffage paissage et glandage de leurs bestiaux en ménageant les gîtes en bons usagers conformément au titre d’usage ci dessus datté, auquel n’ont dérogé, si ce n’est que les habitans de Prémorin payeron chacun et chacun an, 5 veufs, un denier et 1 bois. (une boisselée) fromant pour les laboureurs à boeufs et un bois. (une boisselée) méture pour les laboureurs à bras du village de Prémorin. »
Ce texte provient également d’une copie de l’original du 30 juillet 1790.
D’autre part, la première maison de Pas des Chaumes a été bâtie sur 8 journaux de terre concédés par Marie de Montbron dame de Chef Boutonne, à Estienne et Alain Beaumont le 22 Janvier 1481.
La première maison de Bois Giffard fut bâtie sur quatre journaux de terre également concédés par Marie de Montbron, dame de Chef Boutonne, le 28 février 1481.
Au XVIIIe siècle, deux verreries furent exploitées en bordure de forêt : l’une située au hameau des Collines fut fondée vers 1720 par Frédéric de Gérard, gentilhomme verrier originaire du Périgord ; la seconde était exploitée en 1738 à Echorigné par René de Gérard, fils du précédent. Un siècle plus tard, la forêt appartenait à la famille Hennessy. Après la disparition des loups, les chasses à courre au chevreuil y étaient de grande renommée et le hameau de Pas des Chaumes devint un haut lieu de ce genre de chasse. En 1928, fut créé, le « Rallye Pas des Chaumes> qui devait exister jusqu’en 1939. Plus récemment, les cavaliers de la Garde Républicaine et leurs chevaux furent accueillis à Pas des Chaumes. La forêt de Chef Boutonne se trouve désormais rattachée au massif forestier domanial d’Aulnay depuis 1953, suite à une acquisition provenant d’un échange avec les Etablissements Hennessy. La maison de Chante Oiseau, ancien rendez vous de chasse proche de la forêt d’Aulnay, faisait partie de cet échange. Elle est maintenant utilisée comme maison forestière.
Denis CHAPACOU septembre 1995
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